Thoumieux ? Non : du bien et du pire !
Thoumieux, version Jean-François Piège, nous avons tardé à le tester. Non que nous boudions par principe cette énième mainmise de l'empire Costes sur la restauration parisienne traditionnelle (le concept Costes ne nous emballe pas outre mesure par ailleurs), mais justement ce qui ne nous séduit guère semble attirer les foules, et il n'est pas aisé d'y avoir une table. Thoumieux, avant Piège/Costes, respirait la tradition sans la ramener. Point besoin de raconter que tel plat était la recette de la grand-mère de l'un, que tel dessert était la madeleine de Proust de l'autre. La carte sentait le terroir, le personnel familier juste ce qu'il faut avait du métier ; c'était franc du collier, animé et simplement agréable. Il y avait aussi un beau matou qui se promenait dans la salle, venait se lover sur la banquette ; l'endroit avait donc aussi son originalité.

Chez Thoumieux aujourd'hui, il y a un service voiturier (détail appréciable dans le quartier), on est accueilli par une jeune femme charmante en tout point, un élégant coin salon est prévu pour attendre sa table, la salle a conservé son style Art Nouveau ; jusque-là, c'est parfait. Après, ça se gâte. Très vite le niveau sonore et la basse intensité lumineuse dérangent. On pensait dîner dans une brasserie, certes branchée, on s'est égaré dans le resto d'une boîte à la mode. Tantôt on se penche vers l'autre, tantôt on se met à hurler, tenir une discussion s'avère difficile. On tente de s'acclimater ; tombés dans le Piège (facile, mais trop tentant), on espère que la qualité de sa cuisine rendra l'affaire supportable… Effectivement, c'est bon. Le calmar sauvage à la carbonara, la galantine de caneton et ses légumes acidulés, la macaronade de homard bleu de Bretagne se situent un bon cran au-dessus de la cuisine de brasserie type. Mais, l'ambiance annihile ces louables efforts. Le ballet, pourtant bien rôdé, des pimpantes serveuses (la signature Costes) prises dans le maëlstrom, ne leur permet pas de nous servir le vin placé dans un seau derrière nous… Les neurones en surchauffe, quasi aphones, la dernière goutte de Bourgogne " Petite Jumalie " de chez Henri Darnat (joli vin) avalée, sans prendre de dessert, on demande l'addition.


Article du 14 novembre 2013 modifié le 23 février 2016
Jean-François Piège et Thierry Costes ont mis un terme à leur association.
Pour goûter la cuisine de Jean-François Piège, vous avez désormais le choix entre le bistrot intimiste, Clover ( 5 rue Perronet – Paris 7) et un restaurant gastronomique, Jean-François Piège / Le Grand Restaurant (7 rue d’Agesseau – Paris 8). L’ouverture d’un troisième établissement, Clover Grill (6 rue Bailleul – Paris 1), est prévue pour le printemps 2016. Chez Thoumieux, exit calmar sauvage à la carbonara, galantine de caneton et macaronade de homard qui laissent la place à la carte signée par le nouveau chef, Sylvestre Wahid (2 étoiles Michelin à l‘Oustau de Baumanière). 2 étoiles que le Michelin vient de lui accorder dans son guide 2016 pour le restaurant gastronomique du premier étage, Le Sylvestre.
note de 2022

Exit Sylvestre Wahid ; Les Costes n'ont pas souhaité poursuivre l'aventure du Sylvestre après les fermetures imposées par le COVID... Sylvestre Wahid est désormais installé à Courchevel (Sylvestre Wahid - Les Grandes Alpes - 1 étoile Michelin). Le nouveau chef de La Brasserie Thoumieux : François Vallejo.

Formule déjeuner : 29 € (entrée, plat, fromage ou dessert) - sauf week-end & jours fériés
Carte : 44/92 €

Ouvert tous les jours
Service non-stop 12h00 - minuit

Brasserie Thoumieux