Cet immense bâtiment fut créé en 1836. Très endommagé durant la deuxième guerre mondiale, il fut restauré en 1956. Il a gardé son style renaissance vénitienne, à la fois austère et élégant. L'intérieur permet, par ses vastes salles, d'apprécier comme il convient les trésors qu'il recèle : les primitifs Allemands y sont en grand nombre. Vous y admirerez aussi bien Holbein l'Ancien qu'Albrecht Durer (magnifique autoportrait), Albrecht Altdorfer (renversante "Suzanne et les vieillards") ou Hans Baldung Grien (sublime portrait du Comte Palatin).

Altdeutsche Malerei (Primitifs Allemands) - Albrecht Dürer (1471-1528), " Selbstbildnis im Pelzrock -1500 (détail).

Les écoles flamandes et hollandaises sont également remarquables. Vous y retrouverez des Brueghel l'ancien, de nombreux van Dyck, des Memling, des Van der Weyden, ou encore un " Jugement Dernier" de Jérôme Bosch. Évidemment, ne manquez pas le cycle de la "Passion" de Rembrandt - ni l'un de ces autoportraits dont la lumière semble provenir de l'intérieur.

Altdeutsche Malerei (Primitifs Allemands) - de gauche à droite : Barthel Beham (Nuremberg vers 1502-Bologne 1540) " Geschichte der Heilige Helena (Auffindung des Kreuzes Christi) / L'Invention de la Croix par Sainte Hélène - 1530 (signé Bartholome Behem. Marx Reichlich (vers 1460 - vers 1520) " Altar (autel) de Saint Jacob et saint Stephen " -1502. Jan Polack (vers 1480-1519) " Landfriede, Waldram und Eliland, die Stifter des Klosters Benediktbeuern ".

Plus de légèreté ? L'école italienne vous tend les bras : Botticelli, Raphaël, mais aussi Titien, sans oublier Canaletto et Guardi qui nous emportent à Venise. Il serait fastidieux de citer tous les maîtres ici présents. Sachez que les deux niveaux du musée vous permettent d'embrasser un nombre incroyable d' oeuvres de tout premier plan, et que, si le temps vous est compté, vous n'avez qu'à choisir ce qui aura attiré votre oeil. Il y a fort à parier que vous passerez beaucoup plus de temps que prévu dans ce lieu exceptionnel.

Un aperçu de la salle IV au premier étage :Italienische Malerei des 15. und 16.Jahrhunderts, panorama de la Renaissance florentine.
Y sont exposées des œuvres de Filippo Lippi, Sandro Botticelli, Domenico Ghirlandaio, Pietro Perugino et Andrea del Sarto...
Ici, de gauche à droite : Sandro Boticelli (1445-1510) "Die Bewegung Christi (La Lamentation sur le Christ mort)" - vers 1490/95 - Francesco Raibolini Gen. dit Il Francia (Bologne vers 1460-1517) "Madonna im Rosenhag (Vierge de Rosenhag)" - Domenico Beccafumi (1486-1551) "Die Heilige Familie mit dem kleinen Johannesknaben (La Sainte Famille avec le jeune saint Jean enfant)" - Domenico Ghirlandaio (1449-1494) "Hochaltar von Santa Maria Novella" - vers 1494, triptyque provenant du maître-autel de l'église Santa Maria Novella de Florence. Panneau central : Maria mit Kind, den Heiligen Dominikus, Johannes D. T. und Johannes EV. , aile gauche : heilig Katharina von Siena, aile droite : heilige Laurentius.

Page 2 : la peinture allemande - Page 3 : les écoles flamande et hollandaise
Page 4 : la peinture italienne - Page 5 : les écoles espagnole et française

Il est normal que Munich possède l’une des plus belles collections qui soient d’œuvres en provenance de sa nation. Nous avons admiré, entre autres (et quels autres !) une « Vierge à l’Enfant, avec Sainte-Anne » de Lucas Cranach, et ce visage de Marie, sur lequel on peut lire la tristesse, une sorte de résignation, comme si elle pensait au sort douloureux réservé à son fils. Le retable de Hans Holbein l’Ancien représente la passion du Christ dans une merveilleuse harmonie de couleurs. De Hans Baldung Grien, nous retiendrons la délicate « Allégorie de la forme de la Femme », ainsi que le portrait du « Comte de Palatinat Philippe le Martial », dont le regard si doux semble démentir son surnom. « Konrad Rehlinger et ses huit enfants » de Bernhard Strigel (vers 1460/61-1528) est étonnant par le hiératisme serein de ces quatre garçons vêtus de vert et ses quatre filles vêtues de brun. Le maître-autel à Wettenhausen, près d'Ulm est peint par Martin Schaffner, à la fois somptueux et léger.

Galerie photos - Primitifs Allemands : Lucas Cranach, Hans Holbein, Hans Baldung Grien, Bernhard Strigel et Martin Schaffner.

Michael Pacher (1435-1498) - Kirchenväteraltar aus der Augustinerchorherrenstiftskirche (Retable des Pères de l'Église de Neustift) - vers 1480.

Galerie photos 2 - Primitifs Allemands : Albretcht Altdorfer, Gabriel Angler, Hans Burgkmair der Älter, Albretcht Dürer, Meister der Heiligen Sippe, Marx Reichlich.

Bien sûr, impossible de ne pas terminer par le Maître, Albrecht Dürer, avec, en premier, son exceptionnel « Autoportrait au manteau à col de fourrure » qui est non seulement admirable, mais qui a nourri une controverse, dans la mesure où le peintre semble chercher une ressemblance avec le Christ tel qu’il apparaît sur le voile de Sainte-Véronique. Pourquoi avoir fait cela ? Selon certains analystes, Dürer était un homme pénétré de ses hautes qualités et de son talent, et d’un grand orgueil. Selon d’autres, il avait aussi voulu montrer la place prééminente des artistes dans la société, une place quasiment divine… En tout cas, quel chef-d’œuvre ! Qui ne nous empêche nullement de contempler avec ravissement son retable, et surtout ses célèbres « Quatre apôtres » (titre incorrect puisque Marc n’est pas un apôtre mais un évangéliste) , en deux panneaux, celui de gauche représentant Saint Jean vêtu de rouge et Saint-Pierre, celui de droite Saint-Marc, et Saint-Paul en blanc. Dürer parvient à donner à chacun de ses quatre personnages une épaisseur psychologique (observez le regard terrible de Saint-Paul !) extraordinaire.

Flämische Malerei des 16. und 17. jahrhunderts (École flamande des 16e et 17e siècles) : Jan Brueghel der Ältere (Jan Bruegel l'Ancien - 1568-1625) Seehafen mit der predigt Christi (Port de Mer avec Jésus prêchant) - 1598 (détail).

On sait la proximité de la Hollande et de la Flandre, surtout qu’ils ont été longtemps unis. Unissons-les toujours pour la peinture, l’une des plus belles du monde. Et l’une de nos préférées… L’Alte Pinacothek regorge de chefs-d’œuvre de ces deux pays.

Primitifs Flamands : Gerard David (Oudewater vers 1455/60 - Bruges 1523) Die Anbetung der Könige (L'Adoration des Mages) - vers 1495/1505 (détail).

Chez les primitifs flamands, un Marinus van Reymerswaele représentant un « Echevin et sa femme » surprend par l’ensemble certes, mais aussi par des détails comme les pièces de monnaie ! Superbe Danae dont le bleu de la robe répond au bleu du ciel, sous le pinceau de Jan Gossaert. Une Annonciation de Bouts, apaisante, d’une technique prodigieuse. Evidemment, nous ne savons résister à l’attraction que provoque un de nos maîtres favoris, Rogier de La Pasture, autrement dit Van der Weyden : un Saint-Luc dessinant la Vierge, ce visage du Christ souriant, les beaux traits de Luc, la perspective sur le fleuve et la ville, observée par deux petits personnages. Signalons aussi Memling et son « diptyque de Marie au buisson de roses », avec un Saint-Georges dont l’armure présente des extraordinaires reflets : quel génie.

Galerie Photos : Rogier van der Weyden, Jan Gossaert, Dirck Bouts, Hans Memling, Marinus van Reymerswaele

Citons encore un « Fragment du jugement dernier » de Jérôme Bosch, une impressionnante « Déploration du Christ» de Van Dyck, la sombre et terrible Descente de Croix de Rembrandt, les hiératiques « Présidents de la guilde des marchands de vin d'Amsterdam » de Ferdinand Bol. Sans oublier des Brueghel, que ce soit l’Ancien (« Das Schlaraffenland ») et le Jeune (« Noces Paysannes ») Enfin, des Rubens. Une « Pastorale » pleine de sensualité, comme son « Rapt » d’un duo de femmes blondes, nues et en chair, duo de femmes blondes, nues et en chair, qu’on retrouve pour un « couronnement du Héros ». Il y en a d’autres, il y en a tant…et tant mieux : on ne se lasse jamais d’une telle peinture.

Galerie photos : peintres flamands et hollandais des 16e et 17e siècles - Cornelis van Dalem,Pieter Bruegel Der Ältere, Brueghel d'Enfer, Anthonis van Dyck, Peter Paul Rubens, Rembrandt, Ferdinand Bol, Jacob van Ruysdael.

Domenico Ghirlandaio (1449-1494) - Hochaltar von Santa Maria Novella (détail) - vers 1494.

La collection des primitifs italiens de la Alte Pinakothek est aussi impressionnante que les autres (c’est d’ailleurs, notons-le, la raison pour laquelle ce musée mérite au moins deux visites, sans quoi l’on risque de « ne plus rien voir », phénomène connu des visiteurs pressés, ce qu’heureusement nous n’étions pas !) D’abord une rapide liste des noms d’auteurs (non exhaustive) : Fra Filippo Lippi, Fra Angelico, Léonard de Vinci, Lotto, Raphaël, Botticelli, Tintoret, Giotto, le Titien, Giorgione, Tiepolo, Guardi, Canaletto…

Fra Angelico (1395-1455) - Grablegung Christi - vers 1438/40

Ce qui nous a frappés, parmi tous ces chefs-d’œuvre, fut « la lamentation sur le Christ mort » de Botticelli, et une étonnante unification des expressions dans la même douleur ; de Raphaël, cette « Sainte Famille » dont la composition de la famille elle-même, pyramidale, indique les cieux en son sommet, et cette « Madone » qui traduit la part humaine autant que la part divine des personnages ; une autre « Vierge » de Raphaël, merveilleusement simple et pure, dite « la Vierge Tempi » car elle appartenait à la famille florentine Tempi qui vendit l’œuvre à Louis 1er de Bavière en 1829. Léonard de Vinci nous offre une autre Vierge, (« à l’œillet), dont une copie plus luthérienne par des détails, et visible au Louvre, sera faite par Johann König. C’est l’un des premiers tableaux de Vinci. Quittons le divin chrétien pour reculer vers la mythologie grecque, avec un sensuel et sauvage Tintoret, « Vénus et Mars surpris par Vulcain ». On s’extasiera devant le portait en pied de Charles Quint par Le Titien, et devant un « Portrait d’un Jeune Homme » de Giorgione, parfois attribué à Palma le Vieux. Quoi qu’il en soit, sublime…

Galerie photos : Fra Filippo Lippi, Botticelli, Giorgione, Raphaël, Le Titien, Le Tintoret.

Finissons par Venise et les deux peintres les plus célèbres de la Sérénissime, Gardi et Canaletto : du premier, le Grand Canal à San Geremia, et le « Rialto » et son ballet de gondoles, maîtresses du canal, sans les vaporetti… ; de Canaletto, une Piazetta et sa vue sur le Palais des Doges, ainsi qu’une vue des quai des Schiavoni, et la Basilique de la Salute.

Galerie photos : Canaletto et Guardi

Bartolomé Esteban Murillo (vers 1617/18 - 1682) - Le Mangeur de melons et raisins - 1650 (détail).

Nous avons quitté les grandes (par la taille) collection de la Alte Pinakothek pour évoquer les petites. Les Espagnols sont représentés par l’un de ses plus beaux génies, même s’il était d’origine grecque (d’où son nom), le Greco, « le dépouillement du Christ », ses tuniques jaunes, rouge pour le Christ, et ses visages longs et torturés.

Murillo et Zurbaran complètent superbement cette courte collection. Sachez que Goya et Velasquez (son « portrait d’un homme jeune » dont le regard fascine) se trouvent dans la Neue Pinakothek. Nous avons également admiré quelques oeuvres françaises, que ce soit Claude Lorrain, Nicolas Poussin, Fragonard, Chardin, Boucher, ou encore Maurice-Quentin de la Tour. A la Neue, bien sûr, il y a profusion de peintres français des 19ème et 20ème siècles.

A gauche : Jean E. Liotard (1702-1789)- Das Frühstück (détail). A droite : Jean Honoré Fragonard (1732-1806) - La Guimbette - vers 1770/75

François Boucher (1703-1770) - Fille allongée ( Portrait de Louise O'Murphy) - 1752

Ouvert tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h et de 10 h à 20 h le jeudi
Fermetures exceptionnelles : Mardi gras, 1er mai, 24 et 25 décembre, 31 décembre
Ouvertures exceptionnelles : 1er janvier, Epiphanie, lundi de Pâques, lundi de Pentecôte.

Alte Pinakothek
Barer Strasse 27 – D-80799 Munich

Plan d'accès

le site de l' Alte Pinakothek